Jeune pousse prometteuse, Microsoft a lancé la semaine dernière son quatrième Summer of Arcade sur Xbox 360. Pour faire court, le Summer of Arcade est en mode très mineur au jeu vidéo ce que le festival Sundance est au cinéma : une façon de mettre en lumière des jeux qui sortent parfois des sentiers battus et qui ne bénéficient pas de l’arsenal promotionnel des grosses machines. Ils peuvent venir de la scène indépendante mais pas seulement. Ces derniers se téléchargent directement dans la console et chacun peuvent être essayé gratuitement avant un éventuel achat. Au fil des ans, la sélection s’est révélée être non seulement pertinente mais de qualité, le Summer of Arcade a ainsi acquis une solide réputation. Il y a deux ans, il nous a permis de découvrir l’extraordinaire Braid (soit Mario avec un cerveau), l’été 2010 nous tombions en pâmoison devant Limbo, un admirable conte interactif cruel et poétique en ombres chinoises. Précisons que ce dernier n’est plus depuis peu une exclusivité et qu’il se trouve désormais sur la PS3 et, dès le 2 août prochain sur la plateforme Steam sur PC (et Mac? A vérifier).
La semaine dernière, Bastion a ouvert le festival. La particularité de cette petite chose est que toutes les actions du jeune héros que nous dirigeons son commentées par une voix off tantôt purement descriptive tantôt goguenarde ce qui provoque une amusante distanciation. Le jeu qui motive cependant ce billet sort le 27 juillet (aussi sur Steam et sur PS3 ultérieurement). Il a pour nom From Dust, est produit par Ubisoft et marque le retour sur la scène vidéoludique d’Eric Chahi, un vétéran qui marqua son temps au début des années 90 avec Another World, jeu qu’il conçu quasiment seul dans sa cave et considéré depuis comme un des grands jalons de cette jeune industrie. Ayant disparu de la circulation après Heart of Darkness, dont le trop long développement rendit le divertissement obsolète avant même sa sortie, Eric Chahi a eu le loisir, dit-il, de se consacrer à une passion des volcans qui se retrouve partiellement dans From Dust.
D’un point de vue purement ludique, From Dust n’est pas rappeler ces «god games» popularisés par la franchise Populous: le joueur ne dirige pas directement un ou plusieurs personnages qui ont leur existence propre mais intervient sur l’environnement. Une peuplade primitive se trouve sur une terre modérément hospitalière, a nous de d’améliorer les conditions cadres en détournant les cours d’eau, les flux de lave et en créant des chemins praticables. L’accès à certains vestiges donne à la population la connaissance de rites magiques qui permettent notamment de survivre aux fréquents tsunamis qui dévastent la région. Une fois les objectifs remplis, quelques explorateurs passent un portail et découvrent une nouvelle terre à peupler. Ou plutôt à repeupler, puisque d’autres sont semble-t-il passés par-là avant sans que l’on sache ce qui a provoqué leur extinction. Une fois la dernière contrée viabilisée, un « twist» achève le périple sur une note agréablement mélancolique.
Ce sont bien sûr les qualités purement ludiques (le défi est principalement de comprendre et dompter des écoulements dans un temps imparti) qui nous ont poussé à terminer From Dust. C’est assez rare pour être mentionné même si le la partie est relativement courte. Mais pas seulement. Il y a autre chose dans ce jeu de survie dont la seule violence est celle, aveugle, des éléments. Avec modestie, sensibilité et savoir-faire, l’aventure fait passer quelques émotions subtiles. Autour de la fragilité de toute existence lorsqu’elle est dans la situation du feu qui commence à peine à prendre et de la certitude que nous ne faisons que passer. Tout cela sans mobiliser les trompettes d’un discours lénifiant. Voilà qui fait de From Dust une réalisation parfaitement recommandable.
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